FRANCE • Dans une tribune, 500 personnalités (scientifiques, philosophes, artistes ou personnalités politiques) appellent à s’abstenir de consommer de la chair animale un jour par semaine. Des arguments environnementaux, sanitaires et éthiques plaident, selon elles, en faveur de cette action. Les réactions ne se sont pas fait attendre.
Une récente étude publiée dans la revue Nature est alarmante : changer nos habitudes alimentaires est devenu urgent, la survie de la planète en dépend. Si les Occidentaux ne réduisent pas de 90% leur consommation de produits carnés au profit d’alternatives végétales, les conséquences sur l’environnement seraient dramatiques à l’horizon 2050, l’élevage étant l’un des pires fléaux pour la pollution et la déforestation. -75% de viande de bœuf, -90% de viande de porc, -50% d’œufs ou encore -60% de produits laitiers, voilà ce que préconise au minium l’auteur de l’étude, publiée quelques jours après un rapport du GIEC (ONU), qui prône des changements drastiques pour contrer le réchauffement climatique.
RESPONSABILITÉ COLLECTIVE OU ENTRAVE À LA LIBERTÉ ?
Fortes de ces constats, 500 personnalités publiques ont appelé les consommateurs à un lundi vert. Vert comme écolo. Vert comme végétaux. Ou comme truc de bobo, clament les adeptes de chair animale, qui s’insurgent contre une entrave à leur liberté et crient au scandale, rivalisant parfois de grossièreté et de mauvaise foi sur les réseaux sociaux pour défendre leur accoutumance à la chair morte (florilège que vous pouvez goûter sous le hashtag #lundivert). Un appel que l’interprofession de la viande a elle aussi du mal à digérer chez nos voisins français, allant jusqu’à remettre en cause la pertinence de la démarche.
Changer nos habitudes alimentaires est devenu urgent, la survie de la planète en dépend.
De nombreux consommateurs ont en revanche été séduits par l’idée et se sont d’ores et déjà engagés à manger végétarien un jour par semaine. Certains ne compteraient d’ailleurs pas en rester là, sensibles aux bienfaits d’une alimentation végéta*ienne au quotidien.
LES ANTISPÉCISTES SONT PARTAGÉS
Chez les antispécistes eux-mêmes, l’initiative a été accueillie de façon plutôt mitigée. Si certains y voient un pas en avant, d’autres dénoncent une énorme hypocrisie. La planète se meurt et on lui donne de l’homéopathie, lâche Vincent Aubry, activiste. L’auteure et militante Virginia Markus déplore elle aussi la faiblesse de l’effort. Cette recommandation minimale ne considère d’ailleurs pas les revendications politiques du mouvement animaliste, ajoute-t-elle, mais maintient les animaux au statut de ressources que l’on est en droit ou non de consommer. Je peine donc à comprendre dans quelle orientation cette initiative œuvre. En faveur de l’environnement ? Elle ne met pourtant pas en œuvre les recommandations officielles – qui ont suivi la publication du dernier rapport du GIEC – sur la transition écologique, qui nécessitera une diminution drastique et, surtout, urgente de la consommation de produits issus des animaux. Ou en faveur des animaux ? ... qui d’un point de vue antispéciste ne sont pas à considérer comme des ressources dont nous sommes en libre droit de disposer mais comme des individus qui méritent d’être respectés dans leurs droits fondamentaux. Encourager la population à ne plus les consommer seulement un jour dans la semaine relève d’une incohérence majeure.
Nous avons posé la question au militant de longue date Yves Bonnardel, qui figure parmi les 500 signataires du lundi vert. Il faut le voir comme une brique dans un mur qui se construit progressivement à partir de milliers de briques différentes, explique-t-il. C’est une initiative qui participe d’un rappel constant, incessant sur la question, sous des angles d’approche diversifiés, par des personnalités ou des groupes différents.
S’il ne fait pas l’unanimité, cet appel met une fois de plus sur la table la cause animale, et ça, c’est une bonne chose !
- CL -
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