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Rôle des Lois et Régulations sur le Tourisme de Faune en Australie

 

Étude de cas : tourisme de plongée avec les requins-baleines du récif de Ningaloo, Australie

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 Tourisme d’observation de la faune en Australie

 

Le tourisme est l’une des plus grandes économies mondiales, et le tourisme de faune (wildlife tourism), occupe un grand segment du tourisme dans le monde et particulièrement en Australie. Le tourisme d’observation de faune sauvage consiste à rencontrer et observer des animaux non-domestiqués et non-humains dans leur habitat naturel. Une définition plus précise de cette activité précise qu’il s’agit d’observer des animaux en distinguant le tourisme d’observation de faune d’autres activités en rapport avec la nature comme la chasse ou la pêche. Le wildlife watching tourism est donc essentiellement porté sur une activité d’observation, bien que parfois d’autres interactions peuvent avoir lieu comme un contact physique avec la faune ou le fait de la nourrir. Ce type de tourisme peut inclure des activités avec des animaux dans des aires naturelles sans guide ou opérateur touristique, faire partie d’une activité plus grande dédiée à la nature ou organisée par des opérateurs locaux, ou faire partie d’un projet de conservation et de recherche offert par des organisations. Dans ce cas précis, le but premier n’est pas le tourisme mais d’utiliser cette activité pour générer des bénéfices afin de financer des projets visant une meilleure protection de la faune.

 

 Les effets du tourisme d’observation de faune sur les animaux

 

Bien que le tourisme d’observation de faune en Australie puisse avoir des effets positifs liés à une contribution pour la conservation, l’éducation ou des petits changements permettant d’orienter une zone plus sur la conservation que le tourisme de masse, des effets négatifs ne sont pas à exclure. Un des problèmes les plus récurrents réside dans le fait que les touristes ne se rendent pas forcément compte des dérangements qu’ils peuvent occasionner auprès de la faune. Les animaux peuvent répondre de diverses manières lorsqu’ils sont dérangés : comportement d’évitement (fuite, dissimulation, comportement agressif), habituation (abstraction de la présence humaine) et/ou attraction vers l’humain (pour de la nourriture par exemple). Il y a de nombreux autres effets sur la nature engendrés par le tourisme d’observation de faune sauvage, comme le dérangement et l’interruption lors de la recherche de nourriture, la perturbation du comportement parental, des blessures ou la mort de l’animal, l’altération de l’habitat et des perturbations crées par le bruit ou les lumières.

 

Lorsque le tourisme de faune n’est pas adéquatement géré, cette activité n’est pas durable sur le long terme. Il est important que ce genre de tourisme soit régulé afin de protéger les espèces sauvages, et atteindre une durabilité exige que le tourisme de faune soit intégré dans des cadres stratégiques nationaux, régionaux et locaux. L’utilisation de régulations externes peut aider à modifier les tendances et comportements des visiteurs et son efficacité peut être maximisée lorsque des recherches scientifiques supportent le besoin de réguler et renforcer des manières durables de voir les animaux sauvages.

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Étude de cas : nage avec les requins-baleines au récif de Ningaloo

 

Depuis la fin des années 1980, il est possible de nager avec des requins-baleines au récif de Ningaloo, en Australie de l’Ouest, site touristique de plongée avec requins baleines le plus ancien et le plus connu au monde. Cette industrie se développe de plus en plus et le nombre de tours et de jours où des touristes sont en interaction avec ces animaux est de plus en plus conséquent. Il est donc important de pouvoir gérer les compagnies proposant cette activité à travers de solides réglementations afin de respecter le bien-être des animaux.

 

 Régulations et codes de bonne conduite

 

Plusieurs réglementations protègent les requins-baleines lorsqu’ils se trouvent dans les eaux Australiennes : le Commonwealth Environmental Protection and Biodiversity Conservation Act de 1999, le Western Australian’s Wildlife and Conservation Act de 1950 et le Fish Resources Management Act de 1994 assurent la protection de cette espèce. De plus, c’est le département de l’Environnement et de la Conservation (DEC) qui régule les interactions entre les touristes et les requins-baleines avec l’objectif de s’assurer que ces animaux migratoires ne soient pas dérangés par les bateaux et les visiteurs. Un code de bonne conduite a également été développé par le DEC et régule un nombre de variables négatives impliquant les interactions touristes-animaux. Par exemple, ce code interdit de toucher ou de chevaucher un requin baleine, d’utiliser des appareils photos avec flash, d’approcher au delà de trois mètres du corps/tête et de quatre mètres de la queue de l’animal. Le code interdit également l’utilisation d’appareils de plongée à propulsion motorisée.

 

 Impacts négatifs

 

Des études ont révélé que la proximité et le nombre de nageurs et de bateaux autour des requins-baleines peuvent avoir pour conséquence l’abandon de recherche de nourriture, un changement de comportement lors de la reproduction et moins de présence dans leurs lieux habituels. De plus, bien qu’il soit interdit de toucher ces animaux dans le récif de Ningaloo, il y a des risques de collisions avec des snorkelers/plongeurs inexpérimentés, ce qui peut blesser ces requins.

 

Un autre problème surgit lorsque le tourisme de faune est pratiqué avec des espèce migratrices : de nombreuses espèces marines, comme le requin-baleine, ne « respectent pas » les frontières entre états et pays. Par conséquent, le fait d’avoir des régulations différentes entre plusieurs états australiens ne facilite pas le développement durable du tourisme de plongée avec les requins-baleines. Des régulations appropriées sont nécessaires non seulement sur l’entier du continent australien, mais il est également important que les pays avoisinant utilisent les mêmes codes d’approche étant donné qu’au final, les requins-baleines ne passent qu’une période limitée dans les eaux australiennes.

 

 Conclusion

 

Le tourisme d’observation de faune n’est pas une activité facile à gérer puisqu’il faut prendre en compte le bien-être animal ainsi que la manière dont les touristes et les compagnies touristiques interagissent avec les animaux. En ce qui concerne le tourisme de plongée avec les requins-baleines dans le récif de Ningaloo, cette activité peut sembler être bien encadrée au vu des réglementations et codes de bonne conduite aidant à réguler ce tourisme. Cependant, étant donné que le requin-baleine est une espèce migratrice nageant à travers les eaux de plusieurs pays, les régulations d’Australie de l’Ouest ne suffisent pas à protéger cette espèce. De plus, le code de bonne conduite existant à Ningaloo n’est pas forcément suffisant pour prévenir tous les dérangements pouvant affecter les requins-baleines. Cela amène à penser que même s’il existe des codes et réglementations stricts, la surveillance des interactions touristes-animaux sauvage doit être renforcée.

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Ivan Martin, décembre 2018

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Bibliographie : 

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