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accueil  VéGANISME  un mode de vie

Un mode de vie végane se veut respectueux des animaux. Pour cela, les véganes choisissent d’exclure de leur quotidien tous les produits issus de l’exploitation animale. Cela concerne :

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  • l’alimentation (chair d’animaux terrestres ou marins, produits laitiers, œufs, miel) ;

  • la mode et le confort (cuir, fourrure, plumes, perles, nacre, corne) ;

  • les cosmétiques et médicaments (produits contenant des substances animales ou testés sur les animaux) ;

  • les loisirs (équitation, zoos, cirques, attelages, aquariums, etc.).

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Pour vous raconter leur démarche et leur quotidien, des homme et des femmes qui ont choisi ce mode de vie témoignent.

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→ Si vous souhaitez partager votre expérience, vous pouvez nous envoyer votre témoignage ici.

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des maux et des mots

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Je suis devenu végétarien à l’âge de dix-sept ans, lorsque j’ai pu être « indépendant culinairement » de mes parents. En réalité, je l’étais depuis bien avant dans l’âme : j’ai toujours détesté la viande. Mes parents m’en faisaient manger de temps en temps car ils pensaient, comme beaucoup de monde, que c’était bon pour ma santé. En l’espace de 30 ans, je me suis autorisé à faire quelques écarts une ou deux fois par année (hamburger, saucisson)… jusqu’en 2012 où j’ai mangé le cheeseburger de trop. Ce jour-là, j’en ai eu la certitude : plus jamais je ne mangerais de viande ! Quelques années plus tard, en regardant des vidéos sur les produits laitiers qui circulaient sur le net, je me suis posé pas mal de questions et j’en suis arrivé à la conclusion que si je voulais être vraiment cohérent, je ne devais pas seulement être végétarien mais végane. J’ai franchi le pas lorsque j’ai rencontré Virginia Markus. Elle m’a expliqué les choses entre quatre yeux et j’ai compris que je me devais à moi-même, mais aussi aux animaux, d’être plus cohérent que je ne l’étais. J’ai saisi l’opportunité du mois végane de novembre 2017 pour faire la transition. Cela n’a pas été très facile au départ car j’étais accro à mon petit bout de fromage quotidien, aux raclettes et aux fondues qu’on mange volontiers ici en Suisse. Au bout de quelques mois, l’envie de fromage avait disparu et je peux maintenant me balader au rayon fromage d’un magasin sans avoir de la mousse au coin des lèvres ! Plus sérieusement, j’ai découvert les fromages véganes qui sont, pour certains, absolument exquis. J’ai dû changer d’habitudes à plein de niveaux et découvert tout un tas de nouvelles choses. C’est un processus qui prend du temps mais qui vaut la peine d’être mis en place et vécu, pour des raisons éthiques, sanitaires mais aussi environnementales. Ça a été quelque chose de vraiment merveilleux ! »

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En ce qui concerne mon entourage, c’est plus compliqué. Ma fille a bien compris la démarche et chez elle, le processus est en cours : elle mange encore des produits laitiers mais très peu et se dirige actuellement vers le véganisme. Pour mon fils en revanche, qui a quinze ans, c’est beaucoup plus complexe. Il aime aller dans les fast-foods avec ses amis, mais se heurte aussi à un problème d’image et d’appartenance à un groupe. J’ai découvert récemment qu’apparemment, dans son collège, le terme « végane » est utilisé comme une insulte, au même titre que « pédé » ou « mongol ». Ce n’est donc pas facile pour lui d’avoir un père végane et de me cautionner auprès de ses amis, même si je le sais extrêmement sensible à la cause animale. Il ne supporte pas de voir des images d’abattoirs ou même un film hollywoodien dans lequel un animal se ferait maltraiter, ça le rend fou ! Mais il y a cette fameuse dissonance cognitive qui l’empêche de faire un lien entre sa sensibilité et sa manière de consommer. J’espère pour lui et pour les animaux que ça viendra un jour. Il n’a que quinze ans et le processus prend du temps, c’est normal. Moi-même il m’a fallu du temps pour devenir végane.

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Je pense que chacun fait ce qu’il peut, à son rythme, avec ses moyens, ses connaissances et ses lacunes. Je communique beaucoup autour du sujet car c’est parce que j’ai pu avoir toutes ses informations que j’ai fini par faire le pas. Communiquer sur le véganisme, sans pour autant être agressif, est primordial à mes yeux. Lorsque mes amis me posent des questions sur mes convictions, je réponds volontiers. Je ne vais jamais dire à qui que ce soit qu’il faut arrêter de manger de la viande, mais plutôt expliquer. Après, les gens sont réceptifs… ou pas. Mais je suis convaincu qu’aujourd’hui, il est essentiel que chacun et chacune prenne ses responsabilités d’être humain, vis-à-vis de la planète, des animaux, de l’environnement et fasse des choix drastiques. Comme je le dis souvent, et je ne suis pas le seul, manger de la viande n’est plus un choix personnel, tant les conséquences sont dramatiques sur l’environnement et sur les animaux. On ne peut plus vraiment dire « foutez-moi la paix, je mange de la viande si je veux ! » en occultant toutes ces conséquences.

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Je suis très heureux et j’assume entièrement mon mode de vie. J’espère que de plus en plus de gens, comme c’est déjà le cas, prendront eux aussi cette voie plus saine pour tout le monde.

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Pierrick Destraz, 48 ans, artiste, décembre 2018

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Je suis devenue végétarienne du jour au lendemain, en février 2004. Je soupais chez ma Maman comme chaque dimanche. Elle avait préparé un rôti. J’ai eu ce soir-là une révélation : je n’étais pas seulement en train de manger « de la viande » mais le cadavre d’un animal (ça paraît idiot parce qu’on le sait très bien, n’est-ce pas ?). Ce n’était pas « quelque chose » mais « quelqu’un » et cette idée m’était soudain insupportable. Je ne comprenais même pas comment j’avais pu le faire jusque-là et me suis sentie trahie. Trahie par cette société qui nous conditionne à voir la viande comme un produit, au même titre que n’importe quel objet fabriqué par et pour l’être humain. Mais surtout, j’ai mesuré l’immense trahison que je faisais moi-même subir à tous ces animaux pour qui je pensais pourtant éprouver tant d’amour. Jamais je n’aurais pu faire de mal à un animal. Alors comment pouvais-je les manger ? Comme s’ils m’avaient fait cadeau de leur vie pour que je puisse me sustenter… Ça n’avait aucun sens ! La viande ne pouvait pas avoir bon goût. Elle avait le goût de la souffrance, de la mort, de la vie qu’on avait volée. Jamais plus elle n’aurait une autre saveur.

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J’ai mis encore neuf longues années avant de devenir végane. Au moment de participer à la Veggie Pride à Genève en 2013, je ne voyais pas où était le problème de consommer du lait ou des œufs. Ils exagéraient, ces véganes, les animaux ne mourraient pas pour ça ! Encore une fois, je me suis pris la réalité en pleine figure en me penchant sur la question – pour de vrai – et en découvrant la cruauté et la souffrance que ces industries engendraient. J’ai fait quelques exceptions en mangeant encore un peu de fromage durant les années qui ont suivi, mais je parvenais de plus en plus difficilement à faire l’autruche tant chaque bouchée me ramenait à l’horreur qui l’avait rendue possible et lui donnait une saveur bien âpre. Cette frustration n’en était plus une.

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Être végane (alimentation végétale et exclusion de tous les produits issus de l’exploitation animale) n’est pas une contrainte, bien au contraire : c'est une véritable renaissance qui me permet d'être en accord total avec mes valeurs et se ressent aussi bien dans mon corps que dans mon cœur. J’ai (re)découvert l'incroyable richesse des alternatives, aussi bien culinaires que textiles ou cosmétiques. Ce qui est très dur en revanche, ce sont cet atroce sentiment d’impuissance et cette immense tristesse que je ressens à chaque seconde, au plus profond de mes entrailles, de savoir ces millions d’animaux dotés de la même sensibilité et de la même envie de vivre que moi endurer une vie de peur et de souffrance avant d'être assassinés parce que la société trouve ça normal. Si seulement chacun pouvait prendre conscience qu’on peut vivre autrement !

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Céline, 39 ans, décembre 2018

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Depuis tout petit, je n’ai jamais été un grand consommateur de produits carnés. J’en mangeais quand on m’en cuisinait, mais je n’en ai jamais acheté moi-même, sans raison particulière toutefois, sauf parfois un peu de viande séchée. Début 2015, après une courte relation avec une femme qui était végane, j’ai arrêté de consommer des produits animaux. Cette décision n’était le fruit d’aucune réflexion et rien de conscient n’avait motivé ma démarche. C’était comme ça. Au fil des mois qui ont suivi, je me suis intéressé aux coulisses de l’industrie agroalimentaire et plus particulièrement à la production de produits animaux. On a beau se douter que c’est affreux et garder cette idée en arrière-fond, cela n’empêche pas les gens de consommer viande et produits laitiers. En ce qui me concerne, une meilleure connaissance de la production de produits et sous-produits animaux a validé le bien-fondé de ma démarche. S’alimenter de manière exclusivement végétale est devenu assez facile dans plupart des sociétés occidentales et, en se complétant en B12, c’est un régime alimentaire qui peut être tout à fait sain et équilibré. 


Sur les réseaux sociaux, je poste pas mal sur le sujet et réponds volontiers aux questions que l’on me pose. En société, au quotidien, c’est un bon challenge que de réussir, tout en étant fidèle à  mes convictions et les choix de consommation qui en découlent, à avoir une vie sociale normale. Quand je suis avec mes amis, je fais attention à mes propos et tâche de donner une image positive du véganisme, loin des clichés du végane jugeant et intransigeant que les gens redoutent parfois. J’essaie d’amener les gens à réfléchir en douceur et, si je les vois mal à l’aise, je n’insiste pas, à moins que la personne ne poursuive d’elle-même la discussion. J’essaie autant que possible de ne pas braquer les gens. Mais je ne me retiens pas pour autant d’être sincère. Si je vois quelqu’un manger du foie gras par exemple, il m’entendra peut-être m’étonner qu’on puisse trouver cool une spécialité culinaire dont la texture particulière résulte d’une maladie du foie du canard provoquée par le gavage. Je parlerai de la stéatose hépatique (la maladie en question) qu’on inflige aux canards avant de les tuer, pas pour pointer du doigt les consommateurs, mais simplement pour expliquer la réalité de la production de ce produit. Communiquer une information claire est à mes yeux essentiel pour permettre aux gens de réfléchir et agir en toute connaissance de cause. 


La période des fêtes de fin d’année est parfois délicate, la tradition qui veut qu’on festoie autour d’un festin de viande étant souvent bien ancrée. Mes proches savent que je n’impose à personne mes choix alimentaires, mais que je ne me retiens pas non plus de dire ce que je pense si l’occasion se présente. Cela se passe en général assez bien. Je reste conscient malgré tout que dans une société conditionnée à consommer des produits animaux depuis des lustres, le fait que je sois végane peut créer quelques remous, provoquer des tensions ou susciter des interrogations chez les gens que je côtoie et qui ne sont pas toujours à l’aise avec mes explications. Des années de questions et remarques en tout genre m’ont amené à creuser le sujet dans ses moindres détails, si bien que je suis devenu incollable lorsqu’il s’agit d’argumenter et expliquer rationnellement ce choix. Je prends beaucoup de plaisir à répondre à toutes les blagues sur le véganisne, de façon plus ou moins subtile et marrante (voire grossière quand le contexte s'y prête), de sorte que la personne qui l’a lancée se ravise sans pour autant se sentir agressée ou ridiculisée, ce qui serait contre-productif. Mes convictions sont fondées sur des bases rationnelles, pragmatiques et scientifiques que je peux défendre facilement et dans le détail. Je me sens comme une force tranquille : un type indéboulonnable mais peinard même si parfois un peu taquin. Mon mode de vie colle assez bien à mes aspirations pacifiques et devenir végane m'a permis de renforcer et pacifier de nombreuses choses dans ma vie.


J’aime le côté ludique que représente la chasse aux sous-produits animaux dont on ne soupçonnerait pas forcément  la présence dans de très nombreux produits. Ça peut être assez vertigineux de réaliser l’ampleur du phénomène et c'est super instructif de creuser le sujet. Je crois que personne n’est pour la maltraitance et l’abattage d'animaux dans l’absolu, surtout pour des raisons économiques, sociales et gustatives rarement vitales, alors que c'est plus que jamais le cas aujourd'hui. Beaucoup de gens ont de la peine à faire le lien entre les dizaines de milliards de bêtes abattues chaque année et leur consommation, tant les milieux agroalimentaires au sens large ont réussi à ancrer la consommation de produits animaux dans notre routine quotidienne. Ma famille m’a posé beaucoup de questions quand j'ai changé mon alimentation et, lorsque je leur ai détaillé les coulisses de l’industrie agroalimentaire, ils ont réalisé, un peu sonnés, tout ce que cela impliquait. Mes parents ont réduit leur consommation de produits animaux depuis. Les considérations écologiques penchent aussi fortement dans la balance en faveur d’une alimentation végétalienne si celle-ci favorise également les produits locaux. S’intéresser au sujet ouvre un vaste champ de réflexion sur des aspects autant alimentaires, écologiques qu’économiques.

 

Au final, qu’on soit pour ou contre le véganisme, les conséquences de la consommation actuelle de viande et de lait de vache vont retomber sur le museau de chacun, véganes ou pas, pour ce que cela implique en termes d’épuisement de ressources, de déforestation, de désertification de terres arables et d’appauvrissement des sols. La situation est sérieuse pour tout le monde ! Le véganisme est donc une porte d’entrée comme une autre pour réfléchir aux problèmes globaux issus du fonctionnement de nos sociétés industrielles modernes, et pas seulement à la question de l’éthique animale. Je suis d'ailleurs convaincu qu’on peut devenir végane pour d’autres raisons que la compassion pour les animaux, tant les implications écologiques pèsent lourd. Je ne suis moi-même pas un grand ’amoureux des animaux’. En revanche, je ne vois pas pourquoi ma consommation personnelle, alors que je vis dans une société où il est possible de faire sans, impliquerait que des animaux soient reproduits et abattus juste pour satisfaire l’envie de manger un steak ou un bol de céréales avec du lait maternel bovin. Un simple plaisir gustatif non vital n’est pas une raison suffisante pour exploiter et abattre un être vivant à mon sens. 

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Si je comprends que certains véganes deviennent un peu misanthropes voire sectaires tant la réalité des produits laitiers et carnés est glauque et violente et les gens assez indifférents malgré que des informations circulent de plus en plus, j’aurais envie de dire : « Devenez véganes sans devenir des ‘véganazis’, soyez des véganes marrants bien dans vos bottes avec un certain sens de l’humour et un peu de dérision pour rendre plus abordable un sujet qui peut sembler lourd et inconfortable, et si vous sentez que vous n’êtes pas loin de craquer, relâchez la pression en désossant une carotte. »

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Raphaël, 41 ans, ingénieur du son, décembre 2018

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Mon entrée dans le végéta*isme s’est faite tout à fait par hasard. À l’inverse de la plupart des gens, j’ai commencé par être végétarienne sans la moindre idée de ce qui se cachait derrière la viande que j’avais l’habitude de manger.

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Je suis entrée il y a un an et demi en faculté de médecine vétérinaire pour enfin étudier un sujet qui m’a toujours fasciné : les animaux. À ce moment-là, carniste naïve que j’étais, je n’hésitais pas à affirmer que j’aimais les animaux et que j’en étais leur plus fidèle amie. On m’a d’ailleurs posé quelques fois la question : « Ah mais si tu veux devenir vétérinaire, tu dois sûrement être végétarienne, n’est-ce pas ? » Heu... Non, pourquoi ? Au fil des premiers mois, la question a enfin fini par germer dans ma tête. Pourquoi est-ce que je rencontre de plus en plus de gens qui ne mangent pas de viande ? Qu’y a-t-il donc de mal à cela ? Alors je me suis décidée : à partir du premier janvier et pendant un mois, je n’avale pas une bouchée de chaire animale (en faisant exception du poisson parce que bon, ça ne ressemble pas trop à ce que je vais soigner plus tard et puis faut pas exagérer quand même) et je trouve la réponse à ma question. Tout en pensant que j’allais craquer au bout du deuxième jour, j’ai commencé à lire un livre qui a changé le cours de ma vie. Sans avoir vu une seule image de ce qui m’était raconté, j’ai été horrifiée par la cruauté et par l’injustice que l’on m’avait toujours cachées jusqu’ici. Le 1er février, et alors que ma famille se réjouissait de me revoir manger l’aile de poulet que l’on a mise dans mon assiette, j’ai décidé que plus jamais je ne remettrai de ça dans ma bouche, et au passage le poisson faisait désormais partie de ce que je ne tolérerai plus non plus dans mon assiette.

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Il m’a fallu six mois pour que la culpabilité arrête de me faire mal au ventre la nuit et pour que mes rêves cessent de représenter ces abattoirs et la souffrance que renferment ses murs.

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En août 2018, lors de la journée de la marche pour la fin du spécisme, j’ai rencontré des personnes encore plus extrêmes que moi : les véganes. Et ce sont pendant les trois semaines qui ont suivi que j’ai enfin compris leurs cris. Trois semaines pendant lesquelles j’ai vécu le quotidien d’un éleveur laitier du matin au soir et à la fin desquelles c’était décidé : je devenais végane.

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Ce chemin a de loin été le plus enrichissant de ma vie et continue à l’être aujourd’hui plus que jamais. L’objectif de libérer tous ces animaux qui souffrent est devenu un véritable combat et a donné un sens inexplicable à ma vie. Je me sens forte et trahie à la fois. En colère de ne pas l’avoir su plus tôt, mais déterminée à l’idée que lorsque je quitterai ce monde, il sera alors dénué de souffrance cruelle.

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Sarah, 19 ans, étudiante, décembre 2018

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C’est en devenant militant antispéciste que je suis devenu complètement végane. Enfin, le plus végane possible. Cette période a coïncidé avec celle durant laquelle j’ai quitté la maison de ma mère pour m’installer seul dans un petit appartement. C’est là que j’ai vraiment pu m’acheter ce que je voulais, libre de tout jugement ou pression familiale. C’est dans le milieu militant que j’ai trouvé les ressources pour passer le cap du véganisme, en quête de toujours plus de cohérence. J’ai toujours adoré les animaux. Enfant déjà, je me posais des questions. Je trouvais triste l’idée de manger un veau, un bébé. Ma mère me disait « oui c’est triste, finis ton assiette ». À peu de choses près, c’était comme ça. J’étais aussi gêné plus généralement par l’exploitation animale, sans pouvoir me l’expliquer en ces termes. Un souvenir marquant a été la promenade à dos d’éléphant à Genève, en pleine ville, quand j’étais enfant. Aujourd’hui jeune adulte, je comprends ce qui m’avait mis si mal à l’aise. J’avais aussi refusé des invitations au cirque... pour les animaux. Mais j’étais bien incapable de le formuler. En fait je me rends compte que cette sensibilité a toujours été en moi. Adolescent, j’ai boycotté la viande pour des raisons écologiques. Il aura fallu des années avant de me réveiller et de passer complètement au végétalisme.

 

Aujourd’hui c’est pour moi une évidence et je regrette de ne pas avoir suivi ce régime depuis toujours. Cette étape cruciale m’a fait découvrir plein de choses, des saveurs, des notions de diététique, nutrition. Je me sens moins ignorant maintenant. Et les produits d’origine animale ne me manquent pas. Le monde végétal est immense. Les gastronomes ne feraient rien sans lui. Et mon plat principal reste sans cruauté : pâtes sauce tomate ! Pour moi la promotion du véganisme est bien une démarche militante. Je ne dénigre pas les salons véganes, bien au contraire, je pense que c’est une démarche à inclure plus généralement dans la démarche militante antispéciste afin de démystifier les méfaits du véganisme et rappeler pourquoi il s’impose dans la société.

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Quintín, 26 ans, étudiant en musique, décembre 2018

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Je suis devenue pesco-végétarienne il y a trois ans et demi, j’ai arrêté le poisson six mois plus tard et cela va bientôt faire deux ans que je suis végane.

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Il y a des années déjà, la viande avait commencé à me dégoûter en la touchant. J’ai entendu parler des véganes et j’ai tout de suite su qu’ils avaient raison. Les gens commençaient à poster des vidéos sur Facebook et plus je les regardais, plus j’ai commencé à réaliser d’où venait la nourriture. Je faisais des blagues stupides sur le fait que la nourriture venait du magasin, car je ne voulais pas admettre la réalité. En fait, ça venait d’un animal qui ne voulait pas mourir. Et pourtant, j’adore les animaux…

 

Devenir végane a complètement changé ma vie. Ça m’a changé moi tout d’abord, et ça a changé les gens autour du moi. Je suis devenue activiste il y a un an. Avant ça, je travaillais dans une banque et maintenant je suis activiste à plein temps. Ça a donc vraiment tout changé : mes cercles d’amis, ce que je fais professionnellement, toutes mes activités et la façon dont je pense, tout simplement parce que je n’arrive pas à vivre dans un monde où de telles horreurs se produisent encore au quotidien. Tant qu’il y aura encore des abattoirs et des animaux qui souffrent, toute ma vie sera dédiée à cette cause.

 

Ce qui m’a fait le déclic, c’est cette connexion physique que j’ai eue avec les animaux. Autant les vidéos d’abattage et d’élevage sont marquantes, autant être devant les abattoirs avec les animaux qui y arrivent donne une toute autre dimension à la façon dont je les vois. Je les sens mourir. Je sens leur odeur, l’odeur de la mort, de leur sang, de leurs excréments et je lis leur peur et leur souffrance dans leurs yeux. C’est dur de rester positive, mais ça me donne une énergie sans limite et la force de continuer sans relâche.

 

Un des facteurs majeurs de ma transition vers le véganisme a été l’arrêt de la cigarette. Grâce à ça, j’ai eu beaucoup plus d’énergie, j’étais plus connectée à la vie. J’étais très grosse fumeuse et une fois que j’ai arrêté de fumer, tout est devenu beaucoup plus clair et je ressentais beaucoup plus profondément les choses. J’ai réussi à voir la souffrance animale et à réaliser que les animaux souffrent vraiment. Voir des vidéos de vaches et de leurs bébés qui leur étaient enlevés et voir leur détresse… Au départ je ne le savais pas, on n’y pense jamais. J’ai commencé à réfléchir et à voir les images et j’ai arrêté de soutenir cette industrie à partir de ce moment-là.

 

Depuis que j’ai fait cette transition, je suis beaucoup moins malade. Et contrairement à ce que l’on pense d’une alimentation végétalienne, je ne me prive pas du tout. Je suis une grande fan de gâteaux depuis toujours et j’ai découvert les meilleurs gâteaux véganes du monde. Non, je ne me prive de rien : j’ai mangé une raclette l’autre jour et une fondue la semaine d’avant. Être végane, ça n’a d’ailleurs jamais été aussi facile que de nos jours. Toutes les semaines, de nouveaux produits véganes sortent dans nos supermarchés ; la Migros vend de la raclette végane, on peut acheter du camembert végane à la Coop…

 

Si j’avais un message à faire passer aux indécis, c’est qu’il est temps de ne plus accepter l’inacceptable, que le futur dépend de nos actions d’aujourd’hui et qu’il est temps que tout le monde réagisse. C’est une question d’urgence pour les animaux, pour la planète et pour nous.

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Sophie, 38 ans, décembre 2018

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Fils d’un père restaurateur, j’ai baigné toute mon enfance dans ce que je pensais être « le plaisir de la chaire ». N’ayant pas d’autres références, j’ai mangé bon nombre de cette chaire qui, selon mon père, me rendrait « fort et en bonne santé ». Faisant beaucoup de sports, je buvais ses paroles sans les remettre en question. 


Puis la révolution des réseaux sociaux est arrivée... et ma prise de conscience avec. Bon nombre de vidéos et de témoignages m’ont ouvert les yeux sur ce que je pensais « être bon pour ma santé ».


L’horreur des poussins mâles broyés à la naissance à été un premier « trauma ». J’ai arrêté de suite mes blancs d’œuf au petit déj. Je commençais à prendre conscience de la responsabilité de mes choix alimentaires... et de leurs conséquences sur les animaux. Plus je voyais de vidéos sur l’industrie carnée, plus la viande me dégoûtait. Je ne pouvais plus en avaler. Le changement était en route. Après les œufs et la viande, ça a été au tour des produits laitiers... non sans mal concernant la fameuse mozzarella italienne (merci papa).


Sans vraiment de période végétarienne, j’étais plutôt en phase de changement et de modification des mes schémas habituels. Je cherchais des alternatives. Grâce au virtuel, j’ai changé ma réalité, un monde végétal s’est ouvert et une compassion plus profonde au monde qui m’entoure a pris racine dans mon cœur.

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William, 44 ans, éducateur spécialisé, décembre 2018

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Novembre 2015, ça fait un moment que je me pose plein de questions sur le végétarisme et mon corps, mon cœur me poussent à changer mon mode d’alimentation. Dans l’ordre : 1. pour les animaux, 2. pour la planète et 3. pour ma santé. Même si dans cet ordre je me fais passer en dernier, ce n’est pas moins égoïste, j’aurais pu le faire uniquement pour ma santé que de toutes les façons j’en aurais fait bénéficier la planète ainsi que les animaux. 


C’est une analyse que je me réjouis toujours de partager. Il n’y a pas de priorité entre le 1.2.3. plus ou moins altruiste, que vous le souhaitiez ou non, le résultat fait du bien à tout le monde et surtout à du monde que vous ne connaissez pas et qui ne pourra jamais vous remercier. Le bonus c’est qu’en plus, cela devient une bonne action trois fois par jour, à large spectre et totalement désintéressée.

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Un mardi soir, exténuée par ma journée, sur mon fil d’actualité facebook, je suis tombée sur une vidéo d’associations pour la défense des droits des animaux. Ouais, ces emmerdeurs, ces empêcheurs de vivre dans la torpeur, ces lanceurs d’alerte comme on les nomme, je tiens à les remercier ici pour leur formidable travail non d’information car nous n’en sommes plus à ce stade mais de dénonciation. 

 

Cette vidéo montrait un cochon tout penaud arriver dans une salle ou l’on s’occupait de son congénère. Paralysé par la peur, il ne bouge pas, attend-il son tour ? Pepa Pig se fait alors coucher d’un coup et son flanc s’éclaffe sur une table métallique souillée de sang. On lui enfonce une tige dans la gorge pour la saigner et elle hurle pendant au moins trente secondes pendant que le monsieur en rouge et blanc (plus de rouge que de blanc) finit de le taillader sans un mot dans des gestes brutaux, méthodiques.
Mais peut-être et même certainement qu’il a dû, au fil du temps, désanimaliser ceux qu’il met à mort pour supporter son travail déshumanisant.

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Dans un premier temps, je n’ai pas voulu  regarder. Je me suis imaginée, lorsqu’elle était encore debout, vivante, se débattant, que le fait de mettre sur pause effacerait cette douleur, juste un temps, mais non. Quelle immaturité. C’est comme lorsqu’on est enfant et que pour ne pas que les autres nous voient, on se couvre les yeux des mains et qu’on reste immobile à la vue de tout le monde. Quelque chose en moi m’a poussée à me dire : maintenant tu prends ton courage à deux mains et tu ouvres les yeux. Regarde et valide… ou plus.

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Je n’ai plus validé, plus jamais.

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J’ai passé des moments horribles de frustration et colère… hé oui, pour une carniste invétérée depuis son plus jeune âge, me passer de viande et de poisson est un véritable calvaire additionné d’une dissonance cognitive abyssale connectée en permanence à un égo surdimensionné. 

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Les jours, les semaines et les mois ont passé. Je suis végane pour les animaux et c’est pour ça que c’est si dur et c’est pour ça que je tiens et c’est pour ça que j’avoue que l’odeur du barbecue agrandit mes iris mais parce que je le fais pour eux, je tiens.


Si c’était pour ma santé, jamais je n’aurais tenu. Pour la planète ? J’aurais flanché plusieurs fois mais si vous me demandez pourquoi alors je suis végane si c’est si dur pour moi… comme le dit si bien Jihem Doe (youtubeur végane) : je suis végane « parce qu’eux ». Et je me suis habituée « pour eux ».

Aujourd’hui, je le vis  bien et mieux que jamais, « toujours pour eux ».

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Natalia, 46 ans, décembre 2018

(mariée à un végétarien depuis 20 ans, maman d’une végane de 13 ans et d’un omni de 19 ans)
 

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